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  7. Le dressage traditionnel au Laos

Une pratique bien unique au monde, par Bounmy

Précisions sur le dressage :

L’éléphant doit être âgé de quatre à sept ans.
Le chaman (il en reste très peu au Laos) choisit le jour le plus favorable pour construire “l’école” car c’est un enseignement que l’éléphanteau va suivre.
Une cérémonie, le baci, est organisée.

Elle est dirigée par le plus ancien du village. Outre les accessoires habituels, sont ajoutés douze pièces d’argent, le paiement pour le maître dresseur.
On construit l’école, un toit, une cage.

On recherche une marraine.
La marraine :
Le chaman célèbre un nouveau baci, cherche dans le village une femme ayant de grandes qualités : travailleuse, douce, intelligente, casanière, en bref tous les critères que devra posséder l’éléphant.

Il s’adresse à l’éléphant, lui explique qu’il doit devenir comme cette « marraine », en adopter toutes les qualités.

Il explique la même chose à la marraine, et pendant trois jours, l’éléphant et elle, bien que séparés, vont faire les mêmes choses aux mêmes moments : toilette, travail, repas et sommeil.

Tous les mahouts disent que l’animal hérite même des défauts de sa marraine ! Par exemple, si elle est coureuse, il fera des fugues ; si elle est coléreuse, l’éléphant le sera aussi !

Ainsi persuadés de la réalité de ce mimétisme, on comprend mieux que le choix de cette personne est déterminant.

On attend un jour favorable pour un troisième baci. À partir de ce jour, la marraine ne doit plus sortir de chez elle.

Le chaman modèle dans l’argile toute une série d’animaux miniatures, il les pose dans un bateau en feuilles de bananier, puis retire un poil de l’animal et le place dans le bateau. Son assistant part à toute vitesse mettre cette barque à l’eau. Il recommence la même opération avec l’urine puis avec les déjections de l’éléphanteau. La vitesse de la mise à l’eau est importante. Ensuite, il saute sur le dos de l’animal, sur sa tête, et le frotte avec une poule vivante qu’il relâchera ensuite.

Au cours du dressage, le chaman va beaucoup parler à l’éléphant. Il a le don de communiquer avec ces animaux. Il dort lui aussi dans une cage à côté de son élève.

Un box est alors construit dans l’école, composé de quatre poteaux bien solides adaptés à la taille de l’élève-éléphant .

Dix éléphants bénis lors du baci sont amenés dans l’école : cinq entoureront la mère, la soutenant « moralement » de la perte de son bébé et resteront auprès d’elle pendant plus d’une semaine ; les cinq autres prendront soin du bébé.

Pour faire rentrer l’éléphanteau dans le box, on lui attache à la patte arrière une corde sur laquelle on tire pour le faire avancer. Il se couche, il ne veut pas entrer. On attache alors une nouvelle corde autour de son cou que l’on tire vers l’arrière. Pour ne pas tomber, il est obligé d’avancer. On peut aussi faire appel à un éléphant pour le pousser.
Lorsqu’il est enfin entré, on lui attache les quatre pattes aux poteaux, un bracelet en fer attaché à l’une d’elles. Pour l’habituer à cette entrave sans le blesser, on veille à le retirer de temps en temps.

L’apprentissage verbal commence : « niok tin » (soulève la patte) ; tant que l’animal n’a pas répondu par l’action, le dresseur le pique légèrement avec un bâton pointu. Si on veut qu’il apprenne rapidement, on l’empêche de dormir. Pour cela deux sangles sont glissées sous son ventre, l’une à l’avant et l’autre à l’arrière, toutes deux fixées en haut des poteaux. Une troisième soutient le cou. Son mahout lui donne à boire et à manger, car il ne peut plus se sustenter seul. Le chaman lui prépare une pâte à base d’herbes qu’il insère dans des morceaux de canne à sucre (recette secrète).

Quand l’éléphant a compris le geste qui devait répondre à cet ordre, on le détache, mais il ne doit pas s’éloigner de l’école. Il doit apprendre les commandements.

À l’ordre « doun say », il doit aller à gauche, en même temps on lui tire l’oreille gauche. S’il ne comprend pas, on pique légèrement le haut de l’oreille opposée avec un clou fixé au bout d’une planche.
Même chose à droite : « doun quoi ». Pour le faire avancer, on dit « pay » et le mahout lui agite les oreilles avec les pieds. Si ce n’est pas suffisant, on lui pique les fesses en répétant « pay ». Pour le faire reculer on le tape sur le sommet de sa trompe et on dit : « recule ». Pour lui faire soulever la patte on le pique sous le pied et on lui dit : « niok tin ». Et ainsi de suite.

Ensuite, il suffira de dire le mot, sans geste contraignant correspondant. Le stimuler avec le pied suffira une fois l’apprentissage achevé. Quand tous les ordres sont intégrés, l’éléphant peut enfin sortir de l’école.

Un nouveau baci célèbre l’événement au cours duquel il choisira son nom.
On écrit sur trois morceaux de canne à sucre trois noms différents que l’on jette devant l’animal : celui qu’il choisit en premier sera le sien.
Bien sûr, ensuite, il s’empresse de manger les autres ; les éléphants raffolent de bâtons de canne à sucre !

Petit dictionnaire de l’éléphant Lao (incomplet :-(

avance : pay
à droite : doun quoi
à gauche : doun say
en arrière : touay lan
soulève : niok
soulève le pied : niok tin
pousse : houau niou
soulève la patte : son (pour que le mahout s’en serve comme d’une échelle pour grimper sur son cou)
pousse le tronc du pied : té may
moins vite : sassa
tire : pay
descends sur les genoux : moup
prends : tiap haou
quand deux troncs sont l’un sur l’autre : tom long gniat
fais tomber le tronc du haut et prends-le : te may haou souane
range ta chaîne : doun so

Il peut enregistrer ainsi jusqu’à cinquante ordres, et même plus.

Pour en savoir plus sur Bounmy et "Le Radeau de Bambou", RDV sur le site officiel Leradeaudebambou.com

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